Rachelle Marcoux

La Galerie Jano Lapin offre un programme de résidences artistiques offert à deux artistes pour une période de 6 mois. Commanditées par Desjardins, ces résidences permettent aux artistes de poursuivre leurs recherches dans un environnement stimulant, entourés d’une Galerie d’art et de plusieurs ateliers, le tout ponctué de rencontres avec divers acteurs du milieu artistique Québécois.  Lien vers le programme de résidence est ici.  

Rachelle Marcoux

Artiste en résidence pendant l’hiver et le printemps 2023

Rachelle Marcoux est une artiste de la relève artistique travaillant à Montréal travaillant principalement la céramique. En 2019, elle obtient son baccalauréat en arts visuels de l’Université Concordia. Marcoux s’implique dans sa communauté artistique en offrant présentement son support technique en céramique pour la Fonderie Darling. De plus, elle prend part aux activités de démarrage de l’Atelier La coulée (2017-20) et participe aux activités de l’association étudiante du département de céramique de Concordia (CCSA), notamment en y prenant la présidence pour l’année 2017-18.

 

Elle participe à l’expo-vente Circa – Art actuel (2022) ainsi qu’aux expositions Poetic Notions (E.K. Voland-2020), Propos (Espace Pop-2019) et Interface (Nomad Nation-2019). En 2013, elle participe à l’édition d’Art Souterrain avec le projet Point de rencontre et remporte en 2012 le prix Jeune créateur décerné par Praxis-Art Actuel et le collège Lionel-Groulx. En 2023, elle prendra part aux résidences artistiques de la Galerie Jano Lapin et du Vermont Studio Center. 

 

Démarche artistique

 

Ma pratique s’ancre dans la maîtrise de compétences techniques laborieuses comme stratégie de réflexion sur le temps. Partant d’une approche valorisant la maîtrise technique, j’allie les médiums afin de créer une cohésion, et parfois une distorsion entre la compréhension de la matérialité. Par superposition et assemblage, je m’approprie le langage visuel de différentes pratiques afin de créer un hybride qui souligne les liens entre l’art, l’artisanat, les sciences et la nature. Cette stratégie me permet d’explorer les questions de valeur associée à différents domaines professionnels. 

 

La rapidité de l’excroissance financière, la pression constante d’une productivité exponentielle et le prestige d’un emploi du temps rempli à craquer ont indéniablement une incidence sur la psychologie humaine, et créent de plus en plus de soucis de santé mentale. Par l’exploration esthétique à travers une pratique coûteuse en temps (et parfois en matière première) qui nécessite inévitablement un ralentissement, je me sers du moment de création comme stratégie d’introspection et de ressourcement, tel une métaphore méditative sur la relation humain et biens de consommation. La minutie inhérente à l’artisanat apportent une sensibilité unique, qui souligne l’importance d’une considération accrue pour l’appréciation de tout type de travail.

 

Employant des motifs issus des modes de décoration industriel de la céramique (communément appelés décalques), je questionne la relation humain-productivité. Dans une ère où tout semble accéléré et exponentiel, comment l’individu qui choisit de ralentir pour savourer son environnement devient un rebel? Les décalques furent inventés afin d’appliquer rapidement un motif complexe aux porcelaines commerciales, de sorte à augmenter le volume de biens disponibles à la vente et donc les profits potentiels pour une compagnie. En les peinturant avec des émaux, non seulement je retourne à un mode de production laborieux, mais j’incite aussi une certaine perte de contrôle, les émaux réagissant l’un à l’autre de façon aléatoire.

 

Les bouquets floraux des décalques évoluent à mesure que j’explore leur imagerie. Ils sont le point de départ pour une exploration qui s’inspire de la structure symétrique propre aux taches d’encre du test développé par le psychiatre Rorschach. Ma réflexion portant initialement sur la relation humain-objet se transforme alors en observation de la complexité de la perception individuelle. Je suis fascinée par l’interprétation unique de chaque individu face à une expérience partagée avec ses pairs. Comment est-ce possible d’observer un même événement et d’arriver à une compréhension complètement différente et unique? L’utilisation de l’historicité inhérente aux objets et l’association d’iconographies empruntées à divers domaines me permettent de créer un glissement entre les sentiments de souvenir et d’aspiration. Ces stratégies me permettent de soulever la complexité de l’esprit humain. 

 

Artist Statement

 

My practice is anchored in the mastery of technical skills that can only be achieved through persistence as a strategy for reflecting on time. From that technical standpoint, I combine mediums to create cohesion, and sometimes distortion between understandings of materiality. Through layering and assemblage, I appropriate the visual language of different practices to create a hybrid that emphasizes the links between art, craft, science and nature. This strategy allows me to explore issues of value associated with different professional fields. 

 

The speed of financial growth, the constant pressure of exponential productivity, and the prestige of a fully-booked schedule are undeniably impacting human psychology, and creating increasing concerns for mental health. By exploring aesthetics through a time-consuming practice (which is, at times, also expensive in supplies) that inevitably requires slowing down, I use the creative moment as a strategy for introspection and replenishment, such as a meditative metaphor for the relationship between humans and consumer goods. The inherent meticulousness of the craft brings a unique sensibility, which underscores the importance of a heightened consideration in the appreciation of all types of work.

 

Using motifs from industrial ceramic decoration (commonly called decals), I question the human-productivity relationship. In an era where everything seems accelerated and exponential, how does the individual who chooses to slow down to enjoy his environment become a rebel? Decals were invented to quickly apply a complex pattern onto commercial porcelain, thus increasing the volume of goods available for sale and therefore potential profits for a company. By painting them with glazes, I am not only returning to a laborious mode of production, but I am also encouraging a certain loss of control as the glazes react to each other in a random fashion.

 

The floral bouquets of the decals evolve as I explore their imagery. They are the starting point for an exploration that is inspired by the symmetrical structure of the inkblots test, developed by the psychiatrist Rorschach. My initial reflection on the human-object relationship is transformed into an observation of the complexity of individual perception. I am fascinated by individual’s unique interpretation of an experience shared with their peers. How is it possible to observe the same event and come to a completely different and unique understanding? Using the inherent historicity of objects and combining iconography from various fields allows me to create a shift between feelings of remembrance and aspiration. These strategies allow me to raise the complexity of the human mind.